icône home © Michel Moutet, 2012
INTRODUCTION
I
SOMMAIRES

I.L.S.

Depuis des temps immémoriaux, i.l.s. sont en lutte ouverte avec ce que la Terre a de plus précieux : la vie. Et avec nous, par la même occasion.

I.l.s. n'ont pas, bien sûr, épargné l'humanité, faisant plus de victimes à travers les siècles que toutes les guerres passées et présentes réunies.

Ces émanations infernales semblent avoir été programmées pour rendre notre belle planète bleue aussi désertique et cendreuse que la Lune.

Homère parlait déjà d'eux sans les connaître.

En 311 av. J.-C., i.l.s. font des dégâts considérables. 900 ans plus tard, i.l.s. sévissent dans l'ensemble du monde connu, c'est-à-dire sur le pourtour méditer­ra­néen. Et à partir de 1350, i.l.s. sont omniprésents : à Venise en 1575, à Lyon en 1628, à Nimègue en 1635, à Londres en 1665, à Marseille en 1720.

Après une accalmie relative, i.l.s. frappent Hong-Kong en 1894, Madagascar en 1898 et Lisbonne un an plus tard. San Francisco doit les subir en 1900, Honolulu en 1908, Java en 1911, Ceylan en 1914. I.l.s. récidivent à Marseille en 1920.

Certains d'entre eux déciment des millions d'individus en 1918 et, plus près de nous, envoient au cimetière 16 000 de nos concitoyens en 1968.

Dans les années 1960, on croit les identifier en leur donnant un nom : le Earthward Cancerous High Overspill, ce qui, sous le sigle E.C.H.O., peut se traduire par grand déversement cancérigène vers la Terre.

Leur présence a été soupçonnée par de grands savants du siècle dernier, tels Pasteur, Ivanovsky puis Löffler. Mais c'est F. d'Herelle qui les découvre vraiment et les appelle « phages » du grec phagein signifiant manger. Sous ce vocable, il veut indiquer qu'i.l.s. se nourrissent de toute matière vivante.

Cherchons à mieux connaître ces cannibales du microcosme.

Venus d'on ne sait où – de l'espace pensent certains – i.l.s. ne sont ni des bac­téries, ni des protozoaires et leur structure unique non cellulaire leur confère une nature intermédiaire entre le vivant et l'inerte. N'arrive-t-on pas, dans certaines conditions, à les "cristalliser" comme de vulgaires entités chimiques ! Ainsi figés, i.l.s. peuvent avoir traversé les étendues intersidérales grâce aux comètes où sous forme sporulée et, un jour, à notre grand dam, avoir atteint la Terre.

Actuellement, on en compte plusieurs millions d'espèces différentes, capables de parasiter toute créature et de causer des maladies apparentes et cachées les plus diverses allant jusqu'au cancer.

Leur structure exacte n'a pu être établie que grâce à la microscopie électronique, tant i.l.s. sont petits. Mais, maintenant, on possède de chacun d'eux, une image gros­sie qui fait froid dans le dos car i.l.s. paraissent tout droit sortis d'un film d'horreur.

Trois éléments les constituent essentiellement : une tête, des pattes et une queue.

Leur "tête" est géométrique : en cube, icosaèdre ou hélice... C'est elle qui contient l'élément névralgique de leur virulence et les rend si dangereux pour nous ; en effet, elle renferme, enveloppé dans une coque de protéine, un cordon d'acide nucléique (ADN ou ARN), lequel, en cas d'attaque, est injecté à travers l'enveloppe protectrice de la cellule-cible – humaine ou autre – et vient mêler son matériel génétique en interférant sur les subtils mécanismes indispensables à un bon fonctionnement normal et sain.

L'organisme, ainsi infecté, devient malade. Parfois il guérira mais souvent il mourra de cet assaut contaminateur.
Encore aujourd'hui on ne sait combattre ces perfides agressions au niveau sub­cellulaire qu’en activant les défenses immunitaires naturelles du malade. Les médi­caments sont sans effet direct.

Cette incapacité à s’opposer à ces micro-vampires fait contraste avec les progrès récents consistant à les manipuler. Depuis 15 ans des chaînes de montage et de démantèlement de ces phages sont opérationnelles. C'est-à-dire qu'on sait les assembler par tronçons. Ainsi, aurait-on créé la vie dans la mesure où i.l.s. peuvent être considérés comme tels. Or, ce n’est pas évident du tout.

Certaines surprenantes épidémies ont même été mises sur le compte d’un des leurs, trafiqué ou créé de toutes pièces par l’homme et échappé hors des labora­toi­res où ces expériences sont menées sous haute surveillance. Mais un Fran­ken­stein de cette taille peut toujours tromper la vigilance de ceux qui ont édicté les mesures de sécurité.

Les phages par eux-mêmes ne peuvent croître ; i.l.s. sont susceptibles uniquement de se reproduire. Ce sont des prédateurs absolus de la Vie, puisant leur raison d’être exclusivement dans la destruction de celle-ci. A ce titre, i.l.s. présentent ce caractère inouï d’autodestruction qui en fait les kamikazes de l'infiniment petit, en un exemple unique en son genre ; car si, par malheur, i.l.s. prenaient le dessus sur la vie cellulaire normale, reproductrice, dont nous descendons, eux aussi seraient condamnés à disparaître faute de proies à se mettre sous la dent, en quelque sorte.

Quelques-uns d'entre eux, les plus redoutables, sont responsables d'affections chro­niques à évolution lente, atteignant le système nerveux central de l'homme et menant à la mort sans aucun espoir d'en réchapper.

Ceux-ci ont attaqué au Zaïre, puis à Haïti. On les désigna à l'époque : Artificial In­tel­ligence Destroying from Stars : des agents de destruction artificiels de l'intelli­gence venus des étoiles.

Quant à nous, nous préférons : Sideral Intelligence Destroying from Almighty. Car, en fait, aujourd'hui, i.l.s. s'en prennent à des mœurs qui vont à l'encontre de la morale divine, en l'occurrence l'homosexualité et la drogue.

I.l.s. (Identify Lethal Spirits), ce sont les virus et l'intelligence sidérale destructrice du Tout-Puissant qui a été appelée par les médecins SIDA.

Michel GRANGER & Michel PIERRE

Publié in Le Courrier de Saône & Loire Dimanche du 12 mars 1989.
Dernière mise à jour : 4 avril 2011.


© Michel Moutet, 2018
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