icône home © Michel Moutet, 2012
INTRODUCTION
I
SOMMAIRES

La marche au Sud

Par un hasard extraordinaire, les familles Verdey et Bersan prennent la route des vacances au même moment, ce matin-là, aux premières heures de l'aube. Elles se sont rencontrées l'année précédente au camping des Saintes-Maries-de-la-Mer et ont sympathisé. En ce jour de grand départ, dès la Porte d'Orléans, Gérard Verdey, 11 ans, a repéré la R 21 avec à son bord son copain Olivier. Coups de klaxon, grands gestes d'amitié. Les deux voitures s'apprêtent à faire leurs 800 kilomètres de conserve.

(Quelque part, un dé roule)... Quatre...
Un, deux, trois, quatre... Essence

« Zut, j'ai oublié de faire le plein avant de partir... ». La voiture des Verdey oblique vers la station Shell. Signes aux Bersan de continuer. On se reverra tout à l'heure. La provision de carburant est effectuée et l'on repart. A quelques minutes d'intervalle, les deux voitures foncent sur l'A6.

Deux... Un, deux...
Parcours supplémentaire

Les Bersan approchent d'Avallon.
– Tu sais, dit Hélène à son mari, il y a longtemps que je n'ai pas vu ma sœur. Nous n'en sommes pas loin. Si nous lui disions un petit bonjour ?
– Mais cela va nous retarder.
– Sois gentil. Nous ne nous arrêterons pas longtemps ; ça me ferait tellement plai­sir.

Ce que femme veut... Sortie à Avallon, direction Autun. Hélène tient parole : les re­trouvailles sont chaleureuses, mais brèves. Et l'on repart par la route express pour rejoindre l'A6 à Chalon. Les Verdey sont passés depuis deux bonnes heures. Ils ont déjà traversé Lyon et négocié le péage de Vienne.

Trois...
Un, deux, trois... Déviation

« Allons, bon ! Qu'est-ce que c'est ? » Des feux clignotants. Un barrage. On oblige les voitures à sortir à Chanas : il y a eu un grave accident de poids lourds à hauteur de Saint-Vallier et l'autoroute est neutralisée dans les deux sens. Il faut reprendre la N7 jusqu'à Tain-l'Hermitage. La circulation devient tout d'un coup très pénible. Les Verdey pestent, mais il n'y a rien à faire. Loin derrière, les Bersan se hâtent vers Tournus.

Six... Un, deux, trois quatre, cinq, six...
Arrêt repas

Bientôt midi. Si l'on mangeait ? Voilà justement le Relais de Bourgogne. Le détour par Autun a ouvert l'appétit de la famille Bersan, surtout d'Olivier... Bon, allons-y. Aux environs de Saint-Vallier, la voiture des Verdey avance vaille que vaille.

Deux... Un, deux... Crevaison

Mathieu Verdey essaie de se faufiler en empiétant sur le bas-côté. Et, malchance, un caillou pointu s'enfonce dans le pneu avant droit. C'est la tuile ! Au milieu d'une circulation démente, on doit vider une partie du coffre pour accéder à la roue de se­cours. Quelle poisse... On repart à la recherche d'un garage. Une occasion pour sor­tir les sandwiches.

Un peu au sud de Mâcon, Olivier et ses parents, rassasiés, le corps en fête, filent vers Villefranche.

Un... Un...
Reculez de 15 km

En cherchant les billets pour le péage, Jacques Bersan étouffe un juron : il a oublié son chéquier à la station-service. Il faut y retourner bien vite. On paye et on repart sur la voie montante... L'aura-t-on retrouvé ? Sortie puis rentrée immédiate à Belleville. Arrêt en catastrophe à la station. Ouf ! Le gérant avait mis le chéquier de côté... Le sourire est revenu dans la voiture Bersan et la marche au Sud reprend.

A Gervans, les Verdey, le pneu réparé et les estomacs pleins, profitent d'une N7 moins encombrée que tout à l'heure et il leur est relativement facile de rejoindre Tain-l'Hermitage puis l'A7. Et en avant toute.

Trois...
Un, deux, trois... Essence

Mais depuis Nemours, le réservoir de la 405 s'est vidé aussi. Mieux vaut à nouveau s'arrêter. Mathieu Verdey se souvient d'une grande surface pas très loin de la sortie de Bollène. La différence de prix sur le litre de super mérite le détour.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le plein complet, l'A7 est réintégrée... Orange. Sortie Avi­gnon Sud. Par Châteaurenard, ils filent vers Arles.

Les Bersan ont traversé Lyon sans problème, les voilà maintenant lancés vers Va­lence. Les poids lourds accidentés ont été relevés, dégagés de la voie et l'au­to­route est rouverte normalement.

Trois...
Un, deux, trois... Avancez de 100 km

– Déjà Orange ? s'étonne Hélène Bersan. Mais je n'ai pas vu passer Valence, ni Montélimar.
– Moi non plus, avoue Jacques. C'est peut-être parce que nous écoutions des cas­settes...
Ils se regardent, quelque peu interloqués. Mais force leur est de se rendre à l'évi­dence : c'est Orange. Encore quelques heures et par l'A9 ils fileront vers Nîmes d'où ils sortiront pour rejoindre Arles qu'ils aborderont par l'Ouest. Les Verdey, eux, y parviennent par le Nord.

Quatre...
Un, deux, trois, quatre... P.V.

Il faut traverser toute la ville. Feux tricolores, ronds-points, sens interdits. Mathieu est pressé d'arriver... et quand le feu de la Croisière vire à l'orange, il s'engage quand même et c'est au rouge qu'il débouche sur le boulevard des Lices. Coup de sifflet... Le C.R.S. de service sera sans pitié.

Les Bersan n'ont pas à traverser Arles. La route des Saintes-Maries-de-la-Mer en part à l'Ouest, justement.

Six...
Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Arrivée

Une demi-heure plus tard, Jacques, Hélène et Olivier commencent à installer leur tente.

Dans le satellite que les Titaniens ont placé en orbite géostationnaire au-dessus de la France, l'un des deux spationautes ramasse la mise que son camarade lui doit pour sa victoire dans leur version du jeu de l'oie avec animation télépathiquement commandée d'acteurs terriens involontairement consentants...

Michel GRANGER & Louis DIONNET

Publié in Le Courrier de Saône & Loire Dimanche du 7 mai 1989.
Dernière mise à jour : 8 avril 2011.


© Michel Moutet, 2017
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